Le 9 Mai 1950...
Robert Schuman fait sa déclaration pour la paix


      1 - Qui était Robert Schuman ?

      Robert Schuman est né à Luxembourg le 29 Juin 1886, de père lorrain et de mère luxembourgeoise.

      Il fréquente l’école primaire et secondaire à Luxembourg, obtient son baccalauréat à Metz puis suit ses études supérieures de droit aux Universités de Berlin, Munich, Bonn et Strasbourg. En 1912, il ouvre son cabinet d’avocat à Metz. En 1918, l’Alsace-Lorraine redevient française et Robert Schuman fait son entrée au Parlement comme député de la Moselle. En 1940, il est nommé sous-secrétaire d’Etat pour les Réfugiés, puis il est arrêté par la Gestapo et mit au secret dans la prison de Metz.

      Sa carrière ministérielle débute en 1946, date à laquelle il est nommé ministre des Finances. Il sera également ministre des Affaires Etrangères au sein de plusieurs gouvernements de 1948 à 1953. C’est durant cette période qu’il fait valoir sa conception d’une Europe unie autour d’un " noyau " franco-allemand. Ses initiatives en faveur de cette union lui permettront d’être considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Europe.

      Il est nommé président du Mouvement Européen International en 1955 et occupe cette fonction jusqu’en 1961. Président de l’Assemblée parlementaire européenne de Strasbourg de 1958 à 1960, il se retire de la vie politique en 1962. Robert Schuman est mort en octobre 1963.


      2 - La Déclaration du 9 Mai 1950

      Fin des années 1940. L’Europe panse les plaies de la seconde guerre mondiale. Mais la guerre froide a déjà commencé et l’Europe est divisée. Un nouveau conflit paraît possible.

      Pourtant, dans toute l’Europe, des groupes, souvent issus de la Résistance, réfléchissent à de nouveaux moyens de construire l’unité européenne pour pouvoir garantir une paix durable.

      En mai 1948, un Congrès réunit à La Haye (Pays-Bas) l’ensemble des mouvements favorables à l’union de l’Europe. Sous la présidence de Winston Churchill, les 800 délégués venus de 19 pays européens - dont l’Allemagne - préconisent la création d’une " Union économique et politique " avec une Assemblée européenne, une Charte des droits de l’Homme et une Cour de Justice. Le Congrès de La Haye est à l’origine de la création du Mouvement Européen (octobre 1948) et du Conseil de l’Europe (mai 1949).

      Mais durant toute l’année 1949, la situation internationale reste très tendue. Les deux Etats allemands ont été créés et l’Allemagne de l’Ouest, toujours sous occupation franco-anglo-américaine, voudrait accélérer son redressement économique. Les Etats-Unis y sont favorables mais l’opinion française reste très méfiante à l’égard de l’Allemagne.

      Début 1950, la balle est donc dans le camp français. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, est très désireux de réconcilier définitivement la France et l’Allemagne. Mais comment réintégrer l’Allemagne dans le concert européen et rendre toute guerre impossible à l’avenir ?

      Robert Schuman reprend alors un projet élaboré par Jean Monnet. Ce dernier, européen influent, est convaincu que la seule solution est l’unité de l’Europe, mais que le processus doit être progressif et pragmatique pour ne pas heurter les sensibilités nationales.

      Monnet et son équipe préparent une déclaration. Après avoir vérifié l’accord de principe du Chancelier allemand Konrad Adenauer et celui du secrétaire d’Etat américain Dean Acheson, Robert Schuman la rend publique le 9 mai 1950 : la France propose à l’Allemagne d’associer, sur une base d’égalité, leurs productions de charbon et d’acier, au sein d’une organisation ouverte aux autres pays d’Europe et placée sous une "Haute Autorité" supranationale.

      Pourquoi le charbon et l’acier ? Parce que le charbon est, à l’époque, la principale source d’énergie et que l’acier est la base des industries d’armement.

      La Déclaration Schuman du 9 mai 1950 est bien accueillie par l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Dès le 18 avril 1951, les six pays signent le Traité instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA).

LA DECLARATION DU 9 MAI 1950
(extraits)

      La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.

      La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre.

      L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée : l’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne.

      Dans ce dessein, le gouvernement français propose de porter immédiatement l’action sur un point limité mais décisif : le gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe.

      La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de bases communes de développement économique, première étape de la fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

      La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible (…).