Aimer l�Europe
par Robert Toulemon (qui est vice-pr�sident de l’Association R�alit�s et Relations Internationales - ARRI - qui s’attache � faire prendre conscience des enjeux li�s � la relance de l’Union Europ�enne), �ditions Lignes de rep�res, F�vrier 2007
Fiche de lecture r�alis�e par Jean-Baptiste ROLLAND
Ce livre, publi� � l’occasion du cinquanti�me anniversaire des trait�s de Rome nous rappelle, malgr� les refus et les accusations dont elle a pu faire l’objet, pour quelles raisons l’Europe est une source de bien-�tre pour tous ses citoyens. Les grandes r�ussites sont pass�es inaper�ues alors que des ���checs�� et des accusations parfois infond�s restent pr�sents dans les esprits. Selon Robert Toulemon, on doit aimer l’Europe pour ce qu’elle est, pour ce qu’elle peut devenir et nous promettre et enfin pour les services qu’elle peut rendre � l’humanit� tout enti�re.
Le non exprim� lors du referendum 2005 peut laisser penser que l’Europe subit une certaine d�saffection de la part de ses citoyens fran�ais et n�erlandais. La France, qui est historiquement � l’origine du projet d’Union Europ�enne, souffre cependant d’une contradiction fondamentale�: d’un cot� elle veut une Europe suffisamment forte avec de bonnes capacit�s de d�cision pour faire face aux Etats-Unis mais de l’autre, elle reste hostile aux institutions supranationales.
On aurait pourtant bien des raisons de soutenir l’Europe pour ce qu’elle est et pour tous les bienfaits qu’elle peut apporter � l’ensemble des citoyens europ�ens sur des dossiers aussi divers que l’�conomie, le social, l’environnement ou encore les transports.
En effet, le march� commun puis le march� unique sont � l’origine des premiers succ�s. Robert Toulemon rappelle � tr�s juste titre qu’une Europe mon�taire restait cependant fragile tant qu’il n y avait pas d’union politique. C’est ainsi que les crit�res de convergence fix�s par le Pacte de Stabilit� et de Croissance ainsi que par le processus de Lisbonne ont �t� injustement critiqu�s. On a le plus souvent reproch� � ces mesures de freiner la croissance des pays membres alors qu’elles ont pour unique objectif d’obtenir la garantie d’une croissance future. En effet, alors que l’usage de la politique mon�taire ou de la politique budg�taire sont des instruments conjoncturels, les mesures structurelles concernant la recherche et l’innovation peuvent assurer une croissance durable. Ces voies sont particuli�rement int�ressantes pour la cr�ation d’emplois tandis qu’une politique europ�enne pourrait permettre de financer ou de prendre en charge le co�t social des d�localisations. Dans la continuit� de ce qui a d�j� �t� fait pour promouvoir le dialogue avec les partenaires sociaux, l’Europe fait donc de la s�curisation et du progr�s social un �l�ment central de sa politique m�me si cela est peu relay� par les m�dias.
Nous devons �galement beaucoup � l’Europe, et on peut encore en attendre beaucoup, concernant le bien-�tre de tous les citoyens. On a trop vite oubli� les dispositions prises par l’Europe en faveur de l’environnement. On s’est pourtant tr�s vite inqui�t� de l’�puisement des ressources non renouvelables, de la pollution et l’Europe s’est beaucoup investie dans le protocole de r�duction de l’�mission des gaz � effet de serre adopt� � Kyoto. L’Union a �galement pris des initiatives concernant les transports et les communications qu’elle a plac�s au cœur de sa politique avec la libre circulation des hommes et des marchandises. Des r�gles communes pour s�curiser, contr�ler et diversifier les transports ont �t� mises en place. Par exemple, Bruxelles a pris soin d’�tablir la liste noire des compagnies a�riennes ne respectant pas les mesures de s�curit� tandis qu’elle met en avant des moyens de transports alternatifs comme le ferroutage.
Au-del� de ses bienfaits, l’Europe doit �tre aim�e pour ce qu’elle est, c’est-�-dire une union de peuples qui pr�sentent des caract�ristiques identitaires communes et qu’il faut promouvoir. Apr�s les s�ismes du XX� si�cle, c’est sur la base de la r�conciliation que s’est organis�e la Construction europ�enne avec la mise en avant du rejet de la violence ainsi qu’un id�al d�mocratique. Ce n’est pas pour autant que l’Union a agit pour l’uniformisation des identit�s nationales. Bien au contraire, c’est la pluri appartenance et la diversit� qui font toute sa richesse tandis qu’il n’est en rien contradictoire de vouloir � la fois œuvrer dans l’int�r�t de son pays et en faveur de l’Europe. Cette identit� doit aussi �tre construite dans le temps et c’est dans ce cadre que l’Union s’attache � former ses tout jeunes citoyens par des programmes d’�changes universitaires comme ERASMUS ou en mettant les institutions au service de l’identit�.
Mais l’Europe doit �galement �tre soutenue pour les perspectives qu’elle peut nous offrir. De ce point de vue, l’�largissement europ�en repr�sente un enjeu de tout premier ordre. S’il est vrai que de nombreux �carts �conomiques s�parent les pays comme la France ou l’Allemagne des pays d’Europe centrale dont l’adh�sion fait craindre une Europe � plusieurs vitesses, les efforts mis en œuvre par ces pays devraient n�anmoins r�concilier les citoyens europ�ens avec l’�largissement de l’Union. D’autre part, m�me si l’arriv�e d’Etats avec une faible population fait craindre un certain �miettement et la difficult� � se mettre d’accord sur des d�cisions concr�tes, l’�largissement peut �tre r�ussi si l’on s’accorde suffisamment de temps. L’Union se doit ainsi de r�ussir les adh�sions r�centes pour garantir le succ�s des adh�sions futures. Il est donc plus sage d’attendre une r�forme des institutions avant de proc�der � de nouvelles adh�sions suivant celle de la Bulgarie et de la Roumanie.
L’�chec du r�f�rendum fran�ais et n�erlandais est cependant venu ralentir le processus qui a �t� lanc�. L’objectif du texte �tait de faciliter les proc�dures de r�forme de l’Union dont on avait constat� � maintes reprises les difficult�s. Si on a vivement reproch� � ce texte de d’�tre la constitutionnalisation du lib�ralisme, il apportait des avanc�es tout � fait majeures. Cet acte politique de grande port�e r�unissait en un seul texte toutes les dispositions relatives � l’�conomie, le social, la justice tandis qu’il r�affirmait les valeurs communes aux europ�ens en incluant la Charte des droits fondamentaux.
L’Europe peut enfin rendre des services � l’humanit� tout enti�re. Elle dispose d’un poids consid�rable sur la sc�ne internationale m�me si cela reste particuli�rement m�connu. L’Union peut �galement œuvrer en faveur d’un changement radical notamment en ce qui concerne certains d�fis comme le r�chauffement climatique ou des maladies comme le SIDA qui menace l’humanit�. Les Etats se voyant contraints par les d�fis plan�taires � penser leurs relations en termes nouveaux, l’Europe s’impose comme une puissance d’un type nouveau car elle peut concourir � la construction d’un nouvel ordre mondial par la mise en avant de son id�al d�mocratique, d’une politique �trang�re commune, l’�thique (qui a �t� au centre de la Construction europ�enne) et enfin, par ses innovations en mati�re juridique et constitutionnelle.